At home


Photographie numérique. 2014/...










Une contrainte simple initie la série, celle de me limiter à un rayon d’un kilomètre de mon habitation pour la prise de vue. 

J’habite un territoire dépourvu de beauté immédiate, banal et étrange à la fois, une zone tendue et paradoxale.  



Au nord, un plateau calcaire exploité par une agriculture intensive, de blé, de betterave sucrière, de lin ou de maïs, d’élevage laitier. Ces parcelles sont cultivées sur l’ancienne ligne du front de libération du Havre lors de la seconde guerre mondiale. Les blockhaus sont nombreux.

A l’ouest, le littoral de falaises et une ancienne base de l’OTAN.

Au sud, un élevage de chevaux puis la forêt municipale du Havre, très fréquentée. Des quartiers défavorisés sont en lisière de cette forêt.

A l’est, une rivière polluée et une zone commerciale.



Dans un périmètre de quelques kilomètres carrés, des paysages agricoles, marins, des espaces abandonnés à la misère sociale et des résidences cossues cohabitent. Mais tout est cloisonné par des plans d’aménagement du territoire: un périphérique de 2X2 voies, une forêt périurbaine, des hectares de monoculture.



Ma maison se situe au carrefour de ces territoires.



N’importe quel objet peut servir de support à ces expériences photographiques.

Certaines images sont pensées en amont, réfléchies. D’autres relèvent de l’improvisation.



Je me suis également imposé quelques contraintes techniques. 

Le format horizontal, sans re-cadrage. Aucune retouche hormis un léger équilibrage des niveaux. Le flash frontal, pas de flash esclave, pour permettre l’approche la plus directe et spontanée possible, et une réelle mobilité. Pas de mise en scène, aucune intervention sur les objets.



Comme pour les paradoxes territoriaux, le genre photographique de la série est transversal. Ce n’est pas un journal de bord, pas plus qu’une autobiographie. Ce n’est pas un reportage ni de la photographie plasticienne. Mais c’est un peu tout cela en même temps.



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A simple constraint to limit myself to the perimeter of my house for the shooting.
I live in an area with no immediate beauty, banal and strange at the time, an area filled with paradoxes and tensions.

In the north, a limestone plateau operated by intensive agriculture, wheat, sugar beet, flax or corn, dairy farming. Agricultural parcels cultivated on the former front line of the liberation of Le Havre. Each field has its blockhouse.
To the west, the coast and a former NATO base.
In the south, a horse farm and the municipal forest of Le Havre, busy. Disadvantaged neighborhoods are on the edge of the forest.
To the east, a commercial area, a polluted river.

In an area of a few square kilometers of agricultural landscapes, marine, spaces abandoned social misery and expensive homes coexist.
My house is at the crossroads of these territories.
In trying to capture this important bias, I try to create tension in the photographic series.

I have also imposed some technical constraints.
The horizontal format without cropping. No editing except for a slight balancing levels. The frontal flash, no flash slave, to enable the most direct and spontaneous approach and true mobility. No staging, no intervention on objects.

As for territorial paradoxes, photographic genre of the series is transverse. This is not a diary, no more than an autobiography. This is not a story or art photography. But it's a bit all at the same time.